Le dossier médical partagé (DMP) permet de centraliser les informations médicales et paramédicales utiles à la prise en charge d’un patient. Il participe à l’échange d’informations entre professionnels de santé et le patient. Il pourrait être ainsi un outil particulièrement utile dans le suivi des patients traités par anti-infectieux de façon prolongée. Trois infirmières (IDE) rennaises ont obtenu un diplôme universitaire de thérapeutiques anti-infectieuses pour les paramédicaux et assurent un rôle d’expert infirmier. À partir d’une enquête préliminaire interrogeant des professionnels sur l’intérêt du suivi par un IDE des patients grâce au DMP, nous définissions le rôle d’infirmier expert.

Douze professionnels ont répondu : 3 IDE hospitalières, 1 IDE libéral, 2 IDE de prestataires de service, 2 médecins généralistes libéraux, 4 médecins infectiologues hospitaliers. Étaient questionnés les attentes et intérêts potentiels du suivi par un IDE expert des patients nécessitant un traitement anti-infectieux prolongé et la place du DMP dans ce suivi.

Cinq pathologies arrivent en tête en termes d’infections qui pourraient bénéficier du DMP renseigné par un IDE expert : l’endocardite, le VIH, la tuberculose, les infections sexuellement transmissibles (IST) et les infections ostéoarticulaires. La séquence de soins pourrait être :

– durant l’hospitalisation initiale, synthèse médico-soignante réalisée par l’IDE et le patient dans le DMP en complément du courrier d’hospitalisation plus détaillé, retraçant les traitements administrés, la voie d’abord utilisée avec ses éventuelles difficultés d’utilisation, les examens complémentaires à venir, les rendez-vous de suivis ;

– à la sortie, message systématique adressé par l’IDE au médecin traitant signalant les informations mentionnées dans le DMP, transmissions avec les équipes IDE libérales ou les prestataires de service si nécessaire ;

– durant le suivi ambulatoire, pour les patients sous antibiothérapie parentérale : téléconsultation et consultations au domicile ou à l’hôpital par l’IDE pour le suivi thérapeutique, surveillance voie d’abord, prélèvements sanguins, relevés des effets secondaires avec synthèse effectuée avec le patient, suivi des résultats biologiques ;

– en fin de suivi : synthèse effectuée avec le patient.

Avec 7 millions de dossiers déjà ouverts, le DMP devient un outil majeur pour le suivi des patients atteints de maladies chroniques. Pour les maladies infectieuses, son utilisation par le patient, aidé d’un IDE expert, permettrait d’améliorer la qualité des soins en ambulatoire, y compris pour ceux recevant des traitements lourds à domicile. Cet usage renforcerait le patient acteur de sa prise en charge et sécuriserait les soins par un suivi spécialisé.